lundi 1 février 2010

Les Polacks

Meteo Blues - EP

Par Louie Louis

Les Polacks n'ont même pas vingt ans et un nom que l'on sent tout droit issu d'un passé fougueux où un Farfisa, des amplis montés à fond et des pantalons serrés suffisaient à leur bonheur et à leur insouciance. Les Polacks viennent d'une explosion de groupes qui ont abîmé les scènes du Gibus et du Triptyque de leurs talons d'immitations de Beatles boots qui les rendaient si intrigants la journée, au lycée. Ce scénario-là nous paraît déjà presque vieux comme une Telecaster de 56 (ou un album de Justice), et, à une tournure de phrase près, vous pouviez lire la même chose dans les lignes de Elle chaque semaine, rubrique "Jeunesse". Alors, pourquoi parler des Polacks en 2010?


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Après tout, les sages avaient parlé : "dans cette scène parisienne, il va y avoir quelques groupes qui signeront sur des grandes maisons de disques, et les autres splitteront, parce que la mode sera passée."
Contrer cette théorie fumeuse de visionnaire du dimanche, c'est citer deux exemples de taille:
Les Brainbox, qui préparent un album surprenant, riche en bonnes vibes, après avoir sorti un EP (Sibéria) qui semblait regrouper toute leur évolution et leurs obsessions; et, donc, les Polacks.
Ceux-là, fascinés par les compositions de Burt Bacharach, par la finesse de la musique brésilienne des années 60 et par la grandeur pop des Zombies, nous prouvent avec aisance qu'ils savent écrire des chansons, via leur EP auto-produit, Météo Blues.
Quatre chansons qui parlent de la pluie et (surtout) du beau temps, à savoir des textes limpides, modestes, mais jamais ennuyeux, sur une musique raffinée qui n'a pas renié l'énergie, malgré un pincement nostalgique chez Maxime, le chanteur/guitariste du groupe: "J'aime profondément la musique que l'on fait aujourd'hui, mais on a un peu perdu en spontanéité, nous ne sommes plus rock." Soit. Les Polacks sont bien plus, ils sont Pop, et ce terme implique vous l'aurez compris, des qualités d'écriture et une capacité à viser juste dans l'élaboration des chansons.


Bien sûr, les Polacks ne sont pas ce que les maisons de disques ou les Français attendent d'un groupe à guitares, leur préférant les jeans troués et les cols v des BB Brunes, et restant coincés sur le diktat de l'image de Pete Doherty, dont les Anglais ne veulent plus, au demeurant. C'est peut-être leur finesse qui les condamnera à quelques lignes une fois par an dans le Technikart hors-série musique, spécial "musique précieuse", et peut-être que les écouter demeurera l'acte de résistance de quelques vrais amateurs de musique de moins de vingt ans; mais qu'importe, la puissance pop des Polacks n'en est pas pour autant altérée.
Des refrains maculés de claviers entêtants, des couplets parfaitement menés, des guitares entre Al Green et The Jam (première période) et une section rythmique qui peut prétendre à l'adjectif "groovy" peuvent espérer un succès que le groupe n'attend même pas.

A nous alors d'espérer, crise du disque ou pas, mauvais goût des gens ou pas, que qui sait écrire des chansons y trouve encore sa récompense. L'affaire des Polacks, tout aussi limitée qu'elle est pour l'instant à cinq-cent exemplaires d'un EP modeste (mais beau) , est à suivre.


http://www.myspace.com/lespolacks